Un bandeau annonce « Les vies d’Isadora Duncan », nous y reviendrons. Il s’agit du deuxième livre de l’auteure chez le même éditeur et on se permettra de lui en souhaiter beaucoup d’autres.
A défaut de l’avoir vue danser, je suppose que beaucoup d’entre vous connaissent la fin dramatique de la grande danseuse… Mourir étranglée par son écharpe prise dans les roues de sa voiture à quarante ans… Attention, il ne s’agit pas d’une énième biographie qui apporterait une ou deux indiscrétions supplémentaires, il s’agit d’un roman. Et c’est heureux car l’auteure n’a pas besoin de s’encombrer de précisions biographiques peut-être réductrices quand on veut raconter une vie. On peut bien sûr se contenter d’énoncer une suite de faits et d’événements en respectant l’ordre chronologique, d’être un observateur « impartial », « objectif » cela ne rend compte que des faits et non de celle qui les vit. Romancer une vie c’est s’approprier un personnage ayant existé et raconter sa vie telle qu’on l’a perçue, imaginée. Pour s’approprier quelqu’un il faut le connaître, l’avoir observé et parvenir à « penser » un peu comme lui. Là l’exercice est d’autant plus difficile que nous sommes dans deux arts très différents, à moins que vous ne considériez l’écriture comme l’art de faire danser les mots au son de l’imagination. Caroline Deyns ne fait pas danser les mots elle fait danser les émotions et les rêves d’Isadora. Elle nous entraîne dans les lieux où le sort de la danseuse s’est joué. Chaque ville ou région est un lieu de vie… d’où l’information du bandeau… Bien sûr les mots ne peuvent donner à voir la danse mais ils peuvent traduire les sentiments qu’elle inspire, rendre compte de l’état d’esprit de la danseuse imprégnée de la houle. Lisez attentivement le passage où elle rencontre Loïe Fuller – je suppose que vous avez vu des images de cette danseuse là – confrontez vos souvenirs à ce que Caroline Deyns donne à lire…
Et ce n’est pas non plus un simple exercice de style poétique, c’est parfois simple et dépouillé mais cela ne laisse jamais indifférent.
Bonne lecture.
Perdu, le jour où nous n’avons pas dansé
Auteure : Caroline Deyns
Editeur : Philippe Rey
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