La première édition de cet ouvrage chez cet éditeur remonte à 1976 et depuis 2002 il y en a une tous les dix ans. Et j’avoue, tout en aimant Kerouac depuis longtemps, être très partagé sur près des deux tiers des poèmes proposés ici et ce malgré la préface de Thierry Clermont qui incite à ne pas les négliger. En fait la ‘Note du traducteur’ m’a un peu surpris en limitant les mots d’argot utilisés par Kerouac à leur jeu phonétique. J’avoue que cela m’étonne, pour moi l’utilisation de l’argot n’est jamais simple. Et si Kerouac aime à improviser on sait qu’une impro aussi n’est jamais simple, puisqu’elle associe son et sens. C’est sans doute pour cela que je vous dirai que, pour moi, le meilleur de ce recueil est dans la suite des haïkus. Pour ce qui est des longs poèmes à la manière des « blues parlés », il me semble qu’une version orale aurait été plus parlante – si je puis dire. A la page 103, il est question d’une petite fourmi or page 102 la ‘ant’ n’est qu’un ‘and’ (?) du coup j’ai mieux surveillé les liaisons entre le texte anglais et sa traduction. Ainsi, page 113, j’ai lu un ‘garboesque’ qui avait en anglais conservé la majuscule de la Divine Greta et, plus grave à mon sens, une traduction XXIe siècle de ‘voice box’ par boîte vocale au lieu de larynx (le texte est daté 1955 et la boite vocale rudimentaire n’apparaît qu’en 1961/62). Plus loin page 119 un ‘arbre familial’ m’a rappelé qu’il devait être généalogique et, page 159, Gene Kelly et Richard Anthony sont venus me signaler que l’on ne chantait pas ‘dans’ mais ‘sous’ la pluie. J’en ai sans doute omis d’autres de ces bourdes vénielles, et il me semble que revoir/rafraîchir les traductions et l’appareil critique (parfois plus élogieux que précis et instructif) rendrait un sérieux service à ces rééditions. Pour me faire pardonner je vous offre un haïku :
‘La pluie lourde
s’enfonce dans la mer
Inutile, inutile.’
Bonne lecture.
Poèmes dispersés
Edition bilingue
Auteur : Jack Kerouac
Editeur : Seghers
Laisser un commentaire