Objection!…Layton et Wright dans le même jeu?
Vous connaissez sans doute le Professeur Layton le célèbre archéologue amateur d’énigmes. Vous connaissez aussi probablement le grand avocat Phoenix Wright. Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave. Ils sont les deux les héros de leurs propres séries de jeux-vidéos. Level-5 et Capcom ont donc décidé de joindre leurs efforts et de fusionner les deux franchises pour notre plus grand plaisir.
L’histoire commence avec un mystérieux accident de voiture. Layton reçoit la visite d’une étrange jeune fille qui lui apporte une lettre de la victime de l’accident qui se trouve être par la même occasion un ancien apprenti du professeur. Cette dernière lui apprend qu’elle est pourchassée par des sorcières. Dubitatif, Layton et Luke, son fidèle apprenti, questionnent un peu la jeune demoiselle. Elle leur apprend qu’elle s’appelle Aria et qu’elle vient de Labyrinthia, un endroit totalement inconnu et bien mystérieux pour le professeur Layton. Aria n’a pas l’air de savoir non plus où elle se trouve. Elle n’a jamais entendu parler de Londres. Soudain, une sorcière à l’allure de spectre surgit et enlève Aria. Ni une ni deux, Layton et Luke décident de partir à l’aventure pour retrouver cette mystérieuse jeune fille et élucider les mystères de ces soi-disant sorcières. De son côté, Phoenix Wright, le célèbre avocat, arrive à Londres pour un congrès d’avocats. Avant même d’avoir eu le temps de se remettre du décalage horaire, Nick (son diminutif) est assigné à défendre une jeune fille un peu perdue. La damoiselle n’est autre qu’Aria. Elle est accusée pour vol et agression. Comment s’est-elle retrouvée dans cette malheureuse posture? Ce sera à Phoenix Wright, avec l’aide de son assistante Maya, de le découvrir au cours du procès. Sans divulguer les comment et pourquoi du scénario, Layton, Luke, Nick et Maya se retrouveront tous à Labyrinthia et devront faire équipe pour en percer les secrets et découvrir ce qui se trame réellement dans cette ville. Car des mystères, il y en a beaucoup. Labyrinthia est une étrange ville où tout est écrit et prédit dans un livre appelé »l’histoire » qui est dicté par le narrateur. Tous les phénomènes normaux et paranormaux ainsi que la vie des villageois sont écrits à l’avance dans les pages de l’histoire. Les gens vivent dans la peur attendant de découvrir la suite de l’histoire et de savoir ce qu’il va leur arriver. Les sorcières se cachent car elle sont traquées par l’ordre des chevaliers, jugées et envoyées au bûcher si elles sont déclarées coupables. Notre fine équipe va devoir enquêter sur des meurtres, des actes de sorcellerie et défendre leurs clients coûte que coûte lors des procès.
Niveau gameplay le jeu est vraiment scindé en deux. Il y a une partie Layton avec enquêtes et énigmes et une partie Phoenix Wright où il faut faire le boulot d’avocat de la défense lors des procès.
Parlons un peu plus précisément de la partie Layton. En mode enquête, Layton et Luke (ou un autre binôme) se promènent de scène en scène. Les scènes doivent être inspectées scrupuleusement à l’aide d’une loupe dirigée avec l’écran tactile. Elles sont remplies d’indices afin de faire avancer le scénario. Il faut discuter avec les personnages qui souvent voudront donner des informations à condition de résoudre une énigme. Il est très utile de regarder chaque recoin afin de récolter des pièces qui permettent d’obtenir de l’aide si on est bloqué. Il est aussi possible de zoomer sur certains objets pour les voir de plus près mais c’est assez rare. Première bonne chose, les énigmes principales sont toujours en rapport avec la situation actuelle. Cela donne de la cohérence et du sens aux énigmes à résoudre en nous gardant dans le scénario. Par contre, la qualité de ces dernières est, à mon avis, un cran en dessous de ce qu’on peut attendre d’un Professeur Layton. La plupart des énigmes sont soit très faciles soit inratables. En effet, beaucoup d’entre-elles demandent au joueur d’aller d’un point A à un point B ou de remettre des pièces dans un certain ordre avec la possibilité de revenir en arrière en cas d’erreur sans être sanctionné avec une perte de picarats (unité de score du jeu). Elles ne sont pas toutes inintéressantes mais elles demandent souvent très peu de réflexion. Il y a toute de même beaucoup d’énigmes annexes qui sont plus difficiles et plus intéressantes. Il faudra cependant les chercher avec un peu plus d’attention car elles ne sont pas sur le chemin direct de la quête principale.
Pour la partie Phoenix Wright, les procès se déroulent toujours plus ou moins de la même manière. Le procureur annonce les chefs d’accusation et demande au juge de vite rendre son verdict car les preuves sont solides et les faits sont évidents. Mais Nick est là! Il ne faut pas se fier aux apparences et en venir aux conclusions trop rapidement car les évidences sont souvent trompeuses. Bref, Maître Wright sort le grand jeu afin de défendre son client du mieux qu’il peut. Après cette phase de plaidoirie qui se résume en réalité à du blabla, le vrai gameplay commence. D’abord, il y a le dossier. Il contient toutes les preuves à conviction, les profils des acteurs durant le procès et un livre de sort contenant des informations sur la magie. Il faut regarder de temps en temps le dossier pour présenter au juge des preuves au bon moment. Les témoins arrivent. Ils font leurs dépositions qui sont tout le temps claire comme de l’eau de roche et qui inculpent directement l’accusé. Ensuite, on passe au contre-interrogatoire. C’est là, qu’il faut écouter (lire) attentivement les témoignages et déceler des anomalies en les observant et en leur demandant d’approfondir leur propos avec plus de précision et voir ce qui en découle. A force de les cuisiner, Nick tombe sur des failles et des incohérences qui décrédibilisent les témoins et renversent la situation en sa faveur. Des pièces à conviction s’ajoutent aux dossiers tout au long des procès. Elles peuvent être un objet ou un dessin représentant la scène de crime. Elles permettent de mettre à défaut les témoins. Elles sont souvent observables de près et parfois ajoutent de nouveaux éléments à l’enquête. Il est ensuite nécessaire de bien suivre le procès, repérer les contradictions et présenter au juge les preuves en relation au bon moment afin de blanchir l’accusé. En cas d’erreur, une pénalité est émise par le juge. Il existe aussi les procès avec plusieurs témoignages simultanés. Tous les témoins sont à la barre en même temps. Cela introduit une nouvelle mécanique de gameplay qui s’appuie sur l’observation des autres témoins durant une déposition. En attaquant un autre témoin au bon moment, la déposition prendra une nouvelle tournure en amenant la lumière sur certains faits. Les procès sont longs. Il y a beaucoup de retournements de situation. Le fait d’être dans un monde où la magie existe et la logique est parfois mise de côté nous mène à des situations assez rocambolesques. Il y a pas mal d’humour, les pensées de Nick sont partagées avec le joueur et Maya, son assistante n’a pas sa langue dans sa poche non plus. On a parfois l’impression que certains procès n’en finissent plus. Avec des retournements de situation tout le temps, de nouveaux témoins qui arrivent et des dialogues qui paraissent sans fin. A tout cela il est nécessaire d’ajouter qu’il faut exécuter les bonnes actions au bon moment. Pour aider le joueur qui ne suit peut-être pas tous les dialogues et qui veut aller un peu plus vite sans trop se tromper, il y a les pièces récoltées dans la partie Layton qui peuvent être utilisées. Elles donnent un indice sur l’action à effectuer et facilitent grandement le jeu. En les utilisant on perd aussi un peu du sel du gameplay.
Le jeu est très long. La durée de vie dépendra évidemment de la vitesse à laquelle le joueur résout les énigmes, conclut les procès et son assiduité à lire tous les dialogues. Néanmoins, il faut compter pratiquement 30 heures pour voir la fin de l’histoire. Ensuite on peut ajouter toutes les énigmes annexes restantes. Le point fort de cet épisode cross-over est son histoire. Elle parvient à nous plonger dedans dès les premières minutes avec ses mystères inexplicables qui donnent envie de connaître la suite. Il y a 10 chapitres. Les 4 premiers sont très longs et posent les bases ensuite les choses s’accélèrent un peu. Les parties enquêtes avec Layton s’alternent parfaitement avec les parties procès avec Wright. L’histoire prend de l’ampleur à chacun des chapitres ajoutant du suspens et de l’intrigue jusqu’au dénouement final où tout est expliqué et tout prend son sens. Les personnages sont aussi très bien écrits. Il y a toujours un brin d’humour que se soit dans leurs noms, leur façon d’être ou de parler. Il y a quelques passages un peu plus creux, moins intéressants, mais dans l’ensemble on passe un très bon moment. Les révélations sont pour la plupart satisfaisantes bien que parfois un peu tiré par les cheveux comme les situations le sont parfois aussi. Mais c’est du Professeur Layton avec du Phoenix Wright fallait s’y attendre. Il aurait été tout de même sympa de voir les deux gameplays se mélanger plutôt que de se succéder dans le jeu.
Au final, on passe un très bon et très long moment avec ce Professeur Layton vs Phoenix Wright. L’histoire nous mène dans un conte de sorcellerie avec chasse et procès de sorcières. Les deux compères font une excellente équipe. Les deux univers réunis nous offre une aventure pleine de rebondissements, avec des phases de gameplay très différentes qui apportent une complémentarité intéressante et bienvenue qui donne du rythme. Évidemment, les joueurs n’aimant pas un ou l’autre univers ne seront pas comblés par le titre car le jeu reste fidèle aux deux franchises. Les mécaniques de gameplays restent très classiques dans tous les cas. Le titre est bien divisé en deux. Il n’y a pas un des deux univers qui prend vraiment le dessus sur l’autre. Pour les autres, je ne peux que les inviter à tester et découvrir le titre. Son scénario est prenant et rempli d’humour. C’est joli et très travaillé comme d’habitude avec les Professeur Layton. La direction artistique est impeccable. Les procès sont intéressants et riches en surprises pour la plupart, bien qu’un peu long parfois. Les énigmes sont un peu faciles mais pas mauvaises non plus. Il y a énormément de contenu. L’histoire prendra près d’une trentaine d’heures pour être complétée. Mais il faut aimer lire, car du dialogue il en y a énormément et c’est peu de le dire. On a parfois l’impression que ça ne s’arrêtera jamais. En tout cas, c’est un des meilleurs mélanges de genre jamais fait. Level-5 et Capcom ont très bien travaillé ensemble en nous offrant une grande aventure de qualité. La mayonnaise prend et on en a pour notre argent.
Simon Brunner
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