Si vous me suivez, vous avez sans doute remarqué que la longueur de mes chroniques dépend de la qualité que je trouve au texte chroniqué. Si c’est bon c’est court, on ne peut s’étendre sur ce qui est fort, dense, plaisant à lire. Si c’est mauvais, médiocre ou banal il faut tâcher de le démontrer. Là, après avoir signalé que le titre et le nom de l’auteur s’inscrivaient à merveille dans la photo – prise par l’auteur – illustrant la couverture, que cette photo traduit fort bien ce que dit Gustave Roud (entre nous j’ai beaucoup de mal à ne pas écrire son nom en entier, le réduire à Roud ou pire à Gustave me semblerait désobligeant), que puis-je vous dire d’autre que : c’est très beau. En fait il m’est arrivé avec ce livre une petite surprise. Je lisais tranquille et je me suis rendu compte que je lisais à haute voix. En continuant ainsi, j’ai mieux lu, mieux perçu. J’ai aussi eu l’impression d’être devant un tableau du peintre Soulage. Devant un noir intense strié suivant l’éclairage changeant de rayons de lumière. Et en même temps de lire une suite de Haïkus, une succession d’impressions, de ressentis difficilement exprimables autrement que par les mots choisis et ordonnés selon le désir de l’auteur. Le Haïku permet pour moi d’éprouver, même de manière fugace, une plénitude. Et Gustave Roud me semble s’évertuer en permanence, dans ce qu’il écrit, à nous donner, à trouver la plénitude qui permet de vivre. A mes yeux, il cherche refuge dans le monde autour de lui en offrant en miroir le monde qu’il a en lui… Prenez le temps de lire à haute voix le poème intitulé Bouvreuil, les mots vous imposeront leur rythme et laisseront leur empreinte… Ai-je été clair ?
Citation : « Je crois que ‘l’homme normal’ au plein de sa vigueur et de sa force, et qui le sent assez pour ne douter pas de son regard, de son ouïe, est, à la lettre, un aveugle et un sourd. Je crois que seuls certains états extrêmes de l’âme et du corps : fatigue (au bord de l’anéantissement), maladie, invasion du cœur par une subite souffrance maintenue à son paroxysme, peuvent rendre à l’homme sa vraie puissance d’ouïe et de regard. ».
Bonne lecture…
Requiem et autres poèmes
Auteur : Gustave Roud
Editeur : Zoé
Collection : Poche
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