Avec un sous-titre : Le cinéma et la Shoah : quand ça tourne autour. En principe, j’ai du mal à lire les critiques d’un film avant d’aller le voir. Cela a sur moi le même effet qu’une préface : j’ai l’impression que l’on me dicte ce que je dois lire ou voir. En principe encore, je préfère, et de loin, les critiques qui justifient ce qu’ils avancent, qui donnent des explications. Le travail d’Alain Fleischer est ici remarquable.
Il analyse d’abord ce qui a été dit contre les grands films – du moins recensés comme tels – traitant de la Shoah (Kapo de Pontecorvo, La vie est belle de Benigni et La liste de Schindler de Spielberg). Il ressort des critiques concernant les erreurs historiques et un refus de l’esthétisation du drame. Critiques auxquelles Le fils de Saul, film de Laszlo Nemes, échappe grâce à l’introduction dans le dossier de presse du film du petit livre de Georges Didi-Huberman Sortir du noir. Alain Fleischer démontre que ce film, récompensé à Cannes, relève du même statut que les autres films déjà cités et qu’il ne peut prétendre « recouvrir » ce qui a été vécu à Auschwitz. Sa démonstration repose sur le film et les moyens techniques qu’il met en œuvre et il me semble qu’elle est convaincante. Entendons-nous bien, il n’est nullement question pour lui de dire que Le fils de Saul est un mauvais film, mais plutôt de démontrer qu’il ne peut être le dernier des films sur la question, le modèle des films sur le sujet. Ce film reste encore à faire.
Alain Fleischer éclaire son propos en faisant référence à d’autres arts (peinture et littérature) et c’est très édifiant.
A lire pour le plaisir de la force des arguments…
Bonne lecture.
Retour au noir
Auteur : Alain Fleischer
Editeur : Léo Scheer
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