On me pardonnera, j’espère, de ne pas aimer la couverture de ce roman, un peu trop douce pour mon goût. Pour ce qui est de Bukowski, et quoi que vous pensiez du personnage, vous devez au moins avoir lu un de ses livres.
Celui-là pourrait vous aider à mieux comprendre l’individu. Et vous constaterez qu’il est remarquablement écrit. Comment puis-je dire cela ? C’est simple parce qu’il nous touche sans faire du mélodrame. Il arrête sa ‘description’ d’un état ou d’une situation juste avant que nous commencions à refuser de nous sentir concerné. Il nous présente des drames juste avant qu’ils éclatent, quand nous sentons monter la tension. Et là, même quand tout s’effondre, il fige la scène. Comme s’il avait trouvé le ‘timing’ pour arrêter l’image de ce que tout le monde regarde sans que nous puissions râler de cet arrêt. Et il nous glisse à l’oreille la petite phrase gonflée de lucidité qui désamorce notre sensibilité (sensiblerie). J’avoue que lire la phrase suivante : ‘Mes parents voulaient tellement être riches qu’ils s’imaginaient l’être.’ chasse très très loin mon idée de la pauvreté. Pour sortir de sa situation – je pense par exemple ‘aux furoncles’ – il lit, il boit, il fume. Et il observe les gens, il questionne le monde et la vie. Et je pense qu’il écrit comme pour se délivrer du poids de la vie et en ce sens il se distingue des autres écrivains. Dernière citation. Le jour de l’annonce du bombardement de Pearl Harbour il est en compagnie d’un Marine qui veut devenir écrivain et qui s’est engagé pour combattre les Japonais. Voilà ce qu’il en dit : « Il ferait à peu près sûrement un bon écrivain : il débordait de toutes sortes d’enthousiasmes. Les choses qu’il aimait, il y en avait probablement des tonnes : le faucon qui vole, c’te putain d’océan, la pleine lune, Balzac, les ponts, les pièces de théâtre, le prix Pulitzer, le piano et la Bible, nom de Dieu, la Bible ! » (relisez l’énumération !).
Bonne lecture lente.
Souvenirs d’un pas grand-chose
Auteur : Charles Bukowski
Editeur : 10/18
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