Un recueil de nouvelles en trois parties. Mais d’abord un mot de la couverture, originale puisqu’elle propose la photographie d’une femme sans tête coupée en deux dans les tons sépia, mais qui risque de ne pas tirer assez l’œil et c’est dommage. On a parfois l’impression que le choix de l’illustration et les couvertures tient plus au goût du responsable d’édition qu’à la nécessité ou au besoin de vendre le livre.
Une autre petite remarque : si vous prenez le temps de regarder les titres originaux des nouvelles et le nom des publications dans lesquelles elles ont initialement paru vous constaterez qu’il n’y a pas d’inédit et d’autre part que leur ordre dans le recueil n’est pas le même que dans la liste. Et une dernière sous forme de conseil : peut-être ne devriez-vous pas commencer votre lecture par le premier texte… Mais peut-être trouverez-vous les autres aussi brutaux et violents, alors lisez dans l’ordre qui vous convient. Sachez que la femme, la veuve, la perte et le deuil en sont les sujets principaux.
Je ne vous parlerai que des trois textes qui m’ont le plus « touché ». Je vous laisse goûter aux autres sans commentaires. Peut-être que pour ce qui est de la première nouvelle intitulée : « Tête de citrouille » le style et le récit m’ont « piégé ». J’étais persuadé que ce texte était à la première personne et en vérifiant j’ai constaté qu’il était à la troisième. Elle s’appelle Hadley, elle a perdu mari au mois de mars et l’action se situe en octobre… Elle a/il s’est invité un employé de la coopérative voisine. Un certain Anton Kruppe et il va la violer… Comme c’est raconté de manière impersonnelle nous sommes obligés de voir, d’éprouver… mais bien sûr sans ressentir et cela produit un effet particulier. Pour « Correction » qui ouvre la deuxième partie, le texte est bien à la première personne et pourtant on peut avoir une impression d’impersonnalité tant celle qui raconte semble être passée de l’enfance à l’âge adulte entre le début et la fin de l’histoire. C’est une jeune fille qui a découvert son père violemment agressé et qui à l’hôpital rencontre « par hasard » (?!) son ancien professeur de maths… De l’art de raconter le sordide en prenant de fausses pincettes…Enfin, dans la troisième partie j’ai été arrêté par « Uranus ». Une nouvelle à la troisième personne qui présente une femme qui s’échappe un instant de la réception annuelle que son mari et elle organisent pour l’anniversaire de ce dernier. La chose est devenue une institution pour le voisinage. Dehors elle trouve un des fils d’un de leur voisin… Il lui parle. Et elle se retrouve en décalage, comme hors du temps.
Mon conseil habituel de lecture au compte-gouttes est, ce me semble, d’autant plus justifié ici que ces seize nouvelles ont la faculté d’émouvoir, de ne pas laisser indemne.
Bonne lecture.
Terres amères
Auteure : Joyce Carol Oates
Editeur : Philippe Rey
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