Combien parmi vous, chers lecteurs, ont connu leurs premiers maux/mots d’amours avec Tutti Frutti en fond sonore et déhanchement pelvien pour rythmer une fureur de vivre… Vous trouverez dans cette compilation du regretté Richard Penniman de quoi raviver votre mémoire et expliquer à vos descendants que cette musique vient du blues et trouve une partie de son aboutissement chez James Brown. Si vous avez commencé à vivre avec deux Soul Brothers vous reconnaîtrez chez Little Richard l’évolution qui fait passer du soul et du gospel porteurs de ferveur religieuse et de transes mystiques au rock’n’roll dont les Jenny, Lucille, Molly, Maybelline et autres Sally ont l’art ou l’ingénuité de rendre les hommes « fous ». Rappelez-vous, un certain Nabokov en a inventé une certaine Lolita… Et si enfin vous êtes plutôt fièvre du samedi soir, le dernier CD de cet album vous montrera comment on peut – à mon avis – édulcorer une musique qui vient de l’âme à travers le corps en transe en lui adjoignant une orchestration et des instruments de studio. Comme si en sortant des églises, en devenant profane et sexuée cette musique avait besoin de retrouver son origine mais se trouvait un peu contaminée par les/la mode…
Si vous découvrez cette musique aujourd’hui, ne l’écoutez pas seulement comme le produit d’une époque. Elle est certes datée au moins par la longueur des morceaux (1’44 pour la plus courte) mais il me semble que, par le rythme et l’énergie qu’elle génère, elle s’inscrit encore dans notre époque.
Bonne écoute.
The indispensable Little Richard 1951-1962
3 CD
Editeur : Frémeaux & Associés
Laisser un commentaire