Parmi les titres peu remarquables que nous a offert le ciel de septembre, l’alarme à OVNI s’est déclenché du côté de Daily-Game, et cette fois, ce sont les Japonais de Q-Game et leur jeu, The Tomorrow Children, qui sont la cible des radars.
Mélange de gestion, de craft, d’action et d’exploration teinté de RPG sur fond de multijoueur coopératif, le titre de Dylan Cuthbert, qui nous a déjà habitués à des jeux sortants de la sphère habituel tel que Nom Nom Galaxy ou la série des Pixel Junk, ne déroge pas à la règle et nous propose cette fois une expérience particulière au sein d’un univers à la frontière entre Burton et Marx…
A vos pioches camarades, l’heure de rebâtir la grande nation est arrivée…
♫ ♫ ♫ L’internationallllllllllllleeeeeeeeeee ! ♪♪♪
« De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins. »
Suite à une expérience ayant mal tourné durant la guerre froide, le monde tel que nous le connaissons n’est plus. Le Void, une surface plate et nuageuse habitée par des monstres, est tout ce qu’il reste. Pourtant au milieu de ce vide, une glorieuse nation semble émerger de ses cendres. L’URSS n’est pas morte, bien au contraire. Des clones ont été créés afin de rebâtir la nation, repeupler les villes et nettoyer tout ce bazar. C’est en tant que tel que vous apparaissez dans le Void. Petites filles comme il en existe des milliers maintenant, votre rôle est simple, mettre vos capacités à profit du régime afin de remettre sur pied la grande civilisation soviétique.
Le Void vous attend, et pas de chemin du serpent ce coup-là…
Les Seigneurs de cendres n’ont qu’à bien se tenir..
Un travail de fourmis rouges
Les premiers pas dans The Tomoorow Children se font en titubant. Après un tutoriel et une introduction plutôt sommaires, nous apprenons que de nombreuses villes sont en rénovation à différents stades et que nous sommes libres de rejoindre celle de notre choix grâce au métro, moyen de transport officiel du régime.
Arrivé sur place, tel un bon travailleur, nous sommes briffés sur les possibilités s’offrant à nous, et là, il faut bien le dire, c’est un peu Stalingrad le cheni. La tâche principale consiste et repeupler la ville en fabricant des bâtiments et autres utilitaires à l’aide d’un atelier. Une fois la ville lancée, il est possible de récolter des poupées russes durant les explorations (nous y reviendrons) puis de les réanimer afin d’en faire des citoyens. Une fois les 500 citoyens atteints, la ville est considérée comme restaurée. Bien entendu l’entretien et la défense de la ville seront aussi de la partie, et il ne sera pas si facile d’amener la sérénité sur la place d’autant plus que vous ne serez pas la seule à œuvrer à la tâche.
Une des particularités du titre de Q-Game est l’aspect multijoueur coopératif. Il faudra plusieurs centaines de petites abeilles afin de faire fonctionner la ruche, et comme chacun sait, au sein d’un groupe, il y a souvent des gens peu fréquentables. Cette vérité étant d’autant plus vrai dans les jeux vidéo, il ne sera pas rare d’avoir à faire à des « pourrisseurs » qui se feront un plaisir de saboter le travail accompli par la communauté. A vous de les mettre en cage en les bannissant. De plus, des monstres Gargantuesques viendront régulièrement tenter de détruire la ville, il faudra alors compter sur la réactivité des joueurs pour la défendre et la réparer.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=U3uGg3Eryvg]
Hué par mes camarades de labeur…
Woops….Pas de troisième chance….direction The Island j’imagine. (Celle de Michael Bay pas celle de M6 )
Beaucoup d’un peu pour un grand tout…
C’est donc avec cette base que nous partons, en bus, à la découverte de cet univers. Et de ce côté-là, rien à dire. Les graphismes, très proches d’un film d’animation, sont adaptés et donnent à ce monde strict et triste une touche enfantine qui laisse rêveur. En plus des villes, des îles sont à disposition afin de miner les ressources nécessaires aux constructions. Iles de Sushi, sapin de noël, visage humain et îles tropicales se succèdent au son des coups de pioches, car c’est d’outils dont vous aurez besoin pour miner. Il sera alors possible à l’image d’un Minecraft de creuser des tunnels afin de déboucher sur des grottes pleines de minerais, de couper des arbres ou de défier quelques créatures dans des phases de tir en TPS (Third Person Shooter) afin de dénicher quelques poupées russes. Après un certain temps, les îles se détruisent et de nouvelles îles apparaissent. Le gameplay est fluide et intuitif et il suffit de quelques minutes pour être à l’aise avec les différentes commandes malgré une caméra parfois un peu trop flottante. Une fois votre sac plein vous pourrez déposer le résultat de votre travail dans une zone de chargement et attendre le bus. Car en tant que bon maillon de la chaîne, vous n’êtes pour le moment qu’un prolétaire de rang 1… et les trajets en bus sont en temps réel, ce qui rappelle les durs matins dans les transports publics. Et ce n’est pas la propagande diffusée en boucle dans la rame qui y changera quelque chose….
Creuser des Sushi et des parois nasales, une expérience qui ne se refuse pas….
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Ascension sociale
Une fois de retour en ville, le bus déchargera automatiquement la récolte. A vous de redéposer chacun des matériaux dans la zone adéquate. Vous pourrez ensuite passer au ministère du travail afin de recevoir votre salaire sous forme de coupons et de point d’expériences en rapport avec le nombre d’action que vous aurez effectuées (minage, défense, dépôt de ressources, constructions, ….) Les premiers vous permettront d’acheter du matériel et des outils dans les différents magasins de l’état (si ceux-ci ont été construits) et les seconds vous permettront d’une part de monter dans votre rang de travailleur et d’autre part de booster vos compétences dans un domaine afin de vous spécialiser ou de vous diriger vers un personnage plus équilibré. En fonction de votre rang, vous recevrez chaque jour une récompense ainsi qu’une récompense plus importante lorsque la ville sera restaurée entièrement.
Il est donc nécessaire de travailler un maximum afin de maximiser son niveau. Tenues spéciales, outils et armes de guerres sont à votre disposition en échanges des fameux coupons d’état, mais vous vous rendrez rapidement compte des limites du marché officiel et des marchandises qu’il propose. Pour pallier à cela, le jeu nous proposera d’utiliser le marché noir, véritable bazar d’objets très performants, de slots d’inventaires supplémentaires, d’outils résistants et bien plus encore. Sauf que voilà, comme tout ce qui est illégal, c’est plus compliqué et il ne sera pas la question des coupons, mais de dollars Freeman. Et s’il est possible d’en récupérer en jouant (peu, rarement et en petite quantité) il faudra passer par l’argent réel pour pouvoir profiter de ce marché parallèle. Et bien que la version de base à 24.- vous offre 1000 dollars Freeman, vous serez rapidement à sec. Et c’est bien dommage, car certaines options telles que les slots d’inventaire supplémentaires ne sont récupérables que de cette manière. En sachant que le jeu est destiné à devenir un FreeToPlay dès le mois d’octobre, on comprend la démarche, mais elle a comme une odeur de capitalisme…Pas sûre que le régime approuve.
Dépenser pour mieux travailler, un mécanisme bien huilé.
Il est à présent temps de faire votre devoir citoyen et d’aller voter. Vous aurez tout au long de la progression de la ville la possibilité de participer à l’élection d’un maire (représenté par une statue qu’il faudra au préalable avoir fabriquée sous certaines conditions) qui attribuera différents bonus à votre ville telle que des défenses accrues ou des constructions plus rapides. Vous aurez aussi la possibilité de comparer votre travail aux membres les plus méritants du régime en consultant le panneau sur la place publique. A vous de vous démarquer pour devenir bourgeois, après tout, le travail c’est la santé.
Métro, boulot, dodo…
Il faut bien dire que durant les premières heures de jeux, le pari de Q-Game est réussi et nous sommes transportés dans ce nouveau monde aussi réussi que pleins de possibilités. Malheureusement, comme dans tout bon régime qui se respecte la réalité rattrape rapidement l’utopie et si la première ville nous enchante et la seconde nous motive, la troisième sent déjà l’ennui et le train-train. Les possibilités d’agrandissement et de diversité de bâtiments sont vite limitées, tout comme les infrastructures et les décorations de manière générale. Au finale, toutes les villes se ressemblent est les quelques bonus quotidiens, comme les échelles portatives ou les craies, n’apportent pas de réels changements notables. Il n’est pas rare non plus de passer plusieurs heures sur une ville et se réveiller le matin en se rendant compte que celle-ci est terminée, ce qui peut laisser un goût amer dans la bouche. Les possibilités d’évolutions du personnage se résument à creuser plus vite, tirer plus fort ou conduire plus longtemps, et, une fois le cap des permis de conduire et de la résidence atteint il ne reste plus guerre que le quotidien d’un travailleur épanoui. De plus, les interactions et la coopération se résumant à quelques émoticônes et quelques transports en communs cette dimension passera rapidement au second plan, vous laissant presque seul dans le Void…
Pleins de bonnes idées, possédant un univers très bien réalisé et se basant sur un gameplay intuitif et efficace, The tomorrow Children est une réussite sur le plan narratif (je ne vous ai pas parlé de sa Bande Son intégralement en russe. Honte à moi car c’est un régal) mais montre ses limites sur le moyen terme. Si les joueurs les plus solides pourront tenir quelque temps sur le soft, la plupart risquent de rapidement être pris par l’ennui. Après tout, quand on rentre du boulot, on n’a pas forcément envie de s’y remettre…
Les +
- Univers travaillé
- Bande-son
- Mélange de genres intéressant
- Prise en main rapide
- Design et graphismes inspirés et réussis
Les –
- Manque de variété dans les villes.
- Redondances du gameplay et des explorations
- Marché noir en argent réel
- Manque de richesses sur le long terme
- Absence de partie privée et coop locale
Et hop, une jolie ville sans âme de plus…
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