Avec en bandeau d’illustration un rhinocéros en équilibre sur une sphère terrestre. Et vous avez remarqué l’absence du mot ‘noir’ après Rivages qui montre bien que l’auteur n’est pas dans son registre littéraire habituel. Et pour bien faire il emprunte deux voies. Celle du biographe et celle du romancier et l’on appréciera le savant dosage qui rend ce livre d’histoire passionnant.
En 1847, sous Louis Philippe, nait entre Toulouse et Lavaur un certain Jean-Pierre Mazas qui au bout de sa croissance mesurera 2,20 mètres et chaussera du 54 – la scène du conseil de révision est remarquable. Le veuvage de sa mère lui évite la conscription et sa force lui procure beaucoup de travail de métayer. Et il se fait lutteur, assurant les beaux jours des salles de spectacles toulousaines avant d’acquérir une renommée internationale. Mais il est victime d’un accident qui le rend ‘bossu’ et le propriétaire de sa métairie exige qu’il se remette pour travailler encore… Et il se décide à n’être qu’un phénomène de foire. A Paris, il attire l’attention d’un médecin célèbre qui le mesure et l’étudie. Mazas est une curiosité scientifique. Il mourra pauvre et oublié. Le ‘travail’ de l’auteur est subtil, il insère des phrases courtes pour présenter ce qui se passe dans le monde et en France pendant que son colosse joue les Antée (le géant vaincu par Hercule). Bien sûr vous pensez à Freaks de Tod Browning mais je crois qu’on peut aussi penser à Nous avons gagné ce soir de Robert Wise qui montre l’incidence de la foule. Pascal Dessaint fait à un moment référence à Victor Hugo et ajoute à la ligne en-dessous en se mettant à la place de son colosse : « Qui c’est celui-là ? » Peut-être est-il difficile de penser qu’en ce temps-là beaucoup de gens ne savaient pas signer de leur nom…
Bonne lecture.
Un colosse
Auteur : Pascal Dessaint
Editeur : Rivages
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