Regardez bien la couverture et son illustration qui, a défaut d’être très réaliste, a le mérite de donner une idée intelligente du contenu. Maintenant allez regarder dans votre discothèque si vous avez « Strange Fruit » par Billie Holliday ou « Oxford Town » par Bob Dylan. Si vous avez les deux c’est parfait, mettez-les en boucle et en alternance et plongez dans l’Amérique des années 50, celle qui décide d’autoriser légalement les noirs à fréquenter les écoles des blancs. L’action se passe bien sûr dans un état du sud et dans une petite ville baptisée Caxton (on notera que la loi date de 1954 et que le roman a été publié en 1959). Un homme jeune débarque dans la petite ville et commence à téléphoner aux habitants et à leur demander ce qu’ils pensent de la loi qui entre en vigueur à la prochaine rentrée scolaire et contraindra leurs enfants à côtoyer des enfants noirs. Nous avons vu pas mal de films mettre en avant cette fameuse loi de Lynch qui remplace un code pénal par une corde et une branche d’arbre. Mais lire des récits qui nous racontent cette montée en puissance de la violence aveugle des foules est plus rare. Charles Beaumont est crédible – même si l’on pourra regretter que la traduction en français qui date de 1960 n’aie pas été révisée. Son personnage principal est convaincu et donc convaincant. Ce roman mérite une lecture « lente » et attentive. Connaître et savoir analyser les méthodes de propagation (de propagande) de certaines idées permet peut-être de reconnaître leur existence, leurs méfaits. Les amateurs de cinéma liront avec plaisir la préface du maître Roger Corman qui apprécia de travailler avec Beaumont. Il rend ici hommage à ses qualités de scénariste. Beaumont fait en effet partie de ceux qui savent raconter une histoire en allant à l’essentiel et à l’émotion.
Un livre digne d’être prêté (pensez à en acheter deux à trois exemplaires… vous savez comment sont les gens !!!)…
Bonne lecture.
Un intrus
Auteur : Charles Beaumont
Editeur : Belfond
Collection : Vintage noir
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