Un plaisir trop bref
Je lui trouve un petit air de diablotin à ce grand écrivain sur la photo qui illustre la couverture. Gerald Clarke qui signe la présentation précise comment il faut prononcer le nom de cet auteur (Capoti-e) et signale avoir classé les lettres en quatre sections qui constituent l’équivalent d’une « autobiographie ».
1924-1948 de l’année de naissance, de l’adoption légale par son beau-père après le divorce des parents. Truman signale qu’il ne porte plus le nom de son père. Publication de ses premiers textes en 1943. Il raconte sa vie. En mai 48 il s’embarque pour l’Europe. Et pendant dix ans entre 1949 et 1959 il va bourlinguer et fréquenter les milieux artistiques où il va aussi jouer les commères. En novembre 1959 un fait divers situé dans le Kansas l’émeut et il convainc le New York Times de le laisser enquêter sur place, il rédige son livre en Europe mais devra attendre 1965 et l’exécution – à laquelle il assiste – des deux coupables pour publier son grand œuvre qui reçoit un accueil sans mélange, « De sans froid ». Après cette réussite, Truman est un peu déboussolé et, s’il confine à bien écrire, il boit de plus en plus (1966-1984) et meurt à un mois de son soixantième anniversaire.
Les lettres qui datent et émaillent cette brève biographie sont celles d’un demandeur d’amour. Combien de fois écrit-il « Tu me manques » ? Combien de fois « Écris-moi ! » ? On a l’impression que ces lettres constituent aussi une conversation en continu avec des interlocuteurs différents qui viennent et repartent. Étrangement, Capote qui est un styliste en matière d’écriture de roman et nouvelle, qui traque le mots juste, ne fait aucun effort dans ces lettres. Il écrit comme il parle, comme s’il produisait un long monologue au service de l’amitié et de la fidélité.
À déguster lentement, à abandonner parfois pour le retrouver ensuite avec plus de plaisir.
Bonnes lectures.
Un plaisir trop bref
Auteur : Truman Capote
Editeur : 10/18
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