D’ordinaire les phrases extraites des journaux et glorifiant l’œuvre sont en quatrième de couverture et là, il y en a une sous la photo en couverture. Je vous avoue que pour moi l’ensemble prête à confusion surtout si l’on ne connaît pas Vivian Maier. Il faut savoir que c’est l’auteure de l’autoportrait en couverture. Vous y êtes ? Si ne la connaissez pas, activez votre moteur de recherche favori et allez regarder une série de dix photos d’elle. Il m’étonnerait que vous n’ayez pas envie de lire cette très courte biographie. C’est à un hasard et à l’obstination d’un individu – John Maloof – que nous devons la découverte de cette immense « photographe de rue ».
Gaëlle Josse raconte la vie d’une femme qui s’est éteinte dans le dénuement à quatre-vingt-trois ans après avoir été la nounou d’un grand nombre d’enfants et avoir photographié, filmé, enregistré des tas de gens. Il va de soi que si je vous raconte sa vie, vous n’aurez plus rien à lire. Je vous recommande simplement de ne pas trop vous fier à la petite phrase de couverture. Gaëlle Josse livre avec ce livre un combat contre l’indifférence et l’oubli. Elle écrit comme on boxe. D’abord à petits coups pour tenir l’adversaire à distance et préparer un coup rude. Un de ces coups qui forcent à réfléchir soit par leur force, soit par leur précision. Je dirai qu’elle vous raconte quelque chose et qu’elle termine son récit par une petite phrase qui émeut ou questionne. Elle montre que Vivian est – comme nous ? – double. Que ce qu’elle a vécu l’a conduite à l’effacement au point qu’elle a effectivement vu très peu des photos qu’elle a prises. En regardant la dizaine de celles-ci que votre moteur a trouvé, vous comprendrez peut-être qu’elle n’avait pas besoin de les voir pour en reconnaître la force. Celle de Gaëlle Josse est de donner envie de voir beaucoup d’autres de ces photos qui disent la vie.
Bonne lecture, regardez bien…
Une femme en contre-jour
Auteure : Gaëlle Josse
Editeur : J’ai Lu
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