Avec une préface d’Andrea Schellino, et une illustration de couverture sans titre, un peu en-dessous du contenu. Le préfacier nous propose de lire cette histoire comme si on lisait un roman à clefs. C’est une idée pour chercheurs universitaires ou pour échotiers. Il me semble que ce court roman est lisible aujourd’hui sans avertir de ce qu’il peut avoir d’étonnant. On remarquera d’abord que Renée est ici un prénom féminin et A. Schellino nous dit qu’il s’agit du nom de plume de Pauline Mary Tarn (1877-1909 ) poète, traductrice et novelliste. La jeune femme eut une liaison avec Natalie Clifford Barney, femme de lettres. Cette relation inspira ce livre parut en 1904.
La première chose qui m’est venue à l’esprit au fil de la lecture est que l’on oublie très vite et facilement qu’il s’agit d’amour entre femmes. La deuxième fut des bribes de souvenirs de lecture des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. L’idée ? Une femme en aime une autre qui ne parvient pas à, ne veut (?) pas, aimer. La vieille opposition entre plaisir sensuel et sentiment, d’autant plus douloureuse – mortelle – quand il n’y a que plaisirs, quand l’infidèle qui n’a rien promis ne sert que son plaisir. Et par contraste on imagine les réactions masculines à ces comportements. C’est d’une rare densité d’émotions et surtout ce n’est pas lassant à lire. Comme si la sensibilité de l’autrice infusait doucement dans ses mots pour contenir nos réactions. Je ne peux vous en dire plus sans une citation et vous comprendrez qu’il ne vous reste qu’à lire :
« « Tu me promets de venir ? » dit enfin la pâle Ione. « Tu me promets de venir plus tard ? »
Je mentis résolument.
« Je te le promets, chère.
– Pèse bien tes paroles. Il y a parfois une ironique divinité qui oblige à l’accomplissement des promesses faites sans intention de les tenir… »
Cette phrase légère, pareille à une prophétie, tombait dans l’ombre encore lumineuse. »
Bonne lecture lente.
Une Femme m’apparut…
Auteure : Renée Vivien
Editeur : Rivages
Collection : Poche
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