On supposera que l’illustration (un Matisse) en couverture vous aura fait comprendre qu’il ne s’agit pas d’une petite fille façon Comtesse de Ségur mais d’une modèle pour peintre. C’est un roman où s’entrecroisent deux récits. Celui de la princesse Hélène Galitzine, à la première personne, et celui de l’auteur qui apporte des compléments d’information, à la troisième personne. Le procédé est assez ingénieux et évite une certaine lassitude au lecteur.
La Révolution bolchévique éparpille la grande famille Galitzine. Le père d’Hélène meurt en prison et la première guerre mondiale n’arrange rien. Hélène vit un temps en Italie, puis à Nice. La grande famille est toujours éclatée et les fastes d’antan sont loin… Hélène va travailler dans la couture avec un certain talent. C’est grâce à une de ses sœurs qu’elle rencontre le peintre qui accepte qu’elle ne pose pas nue pour lui… Elle s’y refuse pour éviter à ses filles la vision de son corps dénudé, d’autant plus qu’elles l’accompagnent parfois lors de ces séances, et pour ne pas trahir celui qu’elle a épousé en 1932.
Cela se lit sans déplaisir mais je me permettrai de regretter l’absence d’analyse de la peinture du Maître. Certes il est question de sa maîtrise des couleurs, de son rapport à un autre de ses modèles, du nombre de nus qu’il a pu réaliser, de son amitié avec Picasso… mais, excepté la remarque à propos de la guerre impossible à peindre avec les couleurs chatoyantes du peintre selon Hélène, on reste dans l’anecdotique… ou dans la citation biographique. Il est même question du cinéma et à propos de La règle du jeu de Jean Renoir il est simplement dit : ‘Nous en avons discuté longuement’… Et lorsque l’opinion semble très personnelle ce n’est pas Matisse qu’elle cite mais Pierre Auguste Renoir : ‘Même si je sais bien qu’il existe de « belles peintures » qui ont la guerre pour motif et sujet, cela me semble contraire à la vraie finalité de la peinture. Qui est de nous rendre heureux en nous montrant le meilleur de la vie et en redonnant aux hommes le paradis terrestre.‘ (le passage en italique est dans « Renoir par Jean Renoir »).
Bonne lecture et surtout profitez-en pour revoir vos Matisse.
Une princesse modèle
Auteur : David Brunat
Editeur : Héloïse d’Ormesson
www.editions-heloisedormesson.com
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