Regardez très attentivement la photo de la place Saint-Marc en couverture et ensuite allez regarder tout aussi attentivement la photo en page 10 & 11. Pour moi, il ne s’agit pas de la même photo. Un détail change… Bien sûr, l’important n’est pas là. L’important est dans le fait qu’avant cet album de photos il semblait impossible d’imaginer Venise déserte, vide, ville morte. J’ai cherché les pigeons. Le premier est en page 13 et je n’en ai vu que 12 à la page suivante, alors que nous avons l’habitude ou l’impression d’en voir beaucoup auprès des touristes. Ensuite le blanc dans le film de Visconti d’après Thomas Mann est venu chatouiller ma mémoire (on me permettra d’en oublier volontairement le titre), ici c’est celui de la pierre qui affronte l’ocre et le bleu. Cette Venise s’offre au soleil entre des draps bleus (lagune/ciel) et à voir les couleurs (éclatantes) qu’il lui donne, on peut penser qu’elle y prend du plaisir. Enfin, comme je crois tout bon amateur de photo le sait et le vérifie, ce qui ne figure pas sur le cliché y est tout de même présent sous forme de « fantôme ». Personne dans cette Venise mais nous y avons vu des gens – comme Sophie Calle dans Suite vénitienne, peut-être. Personne mais notre œil surprend un glissement furtif et notre imagination fait le reste. Alors, conseil de lecture, le livre étant divisé en six chapitres interrompez votre promenade après chaque chapitre. Pourquoi ? Pour tenter de retrouver un œil neuf. Sinon vous risquez de ne voir que l’absence d’humain qui, on le sait, est un peu déprimante. Et puis la Cité des Doges mérite mieux qu’un simple coup d’œil. Quand, dans quelques temps, vous reprendrez le livre pour le feuilleter, tachez de l’imaginer vivant sa vie d’avant les touristes…
Bonnes « lectures ».
Venise déserte
Auteurs : Danielle et Luc Carton
Editeur : Jonglez
https://jonglezpublishing.com/fr/
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