Le Montand au piano en couverture de la pochette est bien plus jeune que celui dont vous vous souvenez sans doute – « Il est l’or ! » ou IP5 de Beineix – et que vous devez avoir plus facilement en tête que l’autre – A bicyclette – et que vous avez j’en suis sûr fredonné.
Montand est un interprète et doit certainement à Édith Piaf qui l’a poussé à chanter de savoir choisir ses chansons. Cet exercice n’est pas aussi facile qu’on le croit. Là pour ce récital de 1962 et 58 je connais 11 chansons sur 21. Une question de mémoire ? Peut-être ! Mais je pencherai plutôt sur une longévité des chansons due à leur qualité. Imaginez : deux de Louis Aragon, deux de Jacques Prévert. Écoutez bien le texte de Sanguine joli fruit dont la voix (et la musique d’Henri Crolla ) rendent tout l’érotisme. Deux Léo Ferré et deux Salvador dont Syracuse. Et une Jean Nohain / Mireille : La demoiselle sur la balançoire dans laquelle Montand se montre comédien-chanteur pour nous raconter l’histoire. Car ce sont bien des histoires que racontent ces chansons. Des histoires avec un début, un milieu et une fin. Des histoires dans lesquelles on peut se glisser pour éprouver les mêmes sentiments, impressions comme à Luna Park (musique de Louis Gasté, époux de Line Renaud) ou sur Mon manège à moi (paroles de Jean Constantin). Mais peut-être ne connaissez-vous de Montand que sa version de la chanson de Prévert & Kosma (comme dit Gainsbourg) : Les feuilles mortes, chanson populaire s’il en est. Et vous comprenez à quel point l’interprète Montand qui choisit ses chansons sait transformer des ‘chansons à texte’ (Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Aragon/Ferré) en chansons populaires. Mais peut-être que c’est aussi une question d’époque, un temps où les auditeurs étaient bien plus nombreux que les téléspectateurs, plus attentifs et moins sollicités, plus exigeants peut-être côté qualité.
Conseil d’écoute : écoutez tout d’une traite et comptez combien de fois des bribes de texte vous sont revenues en mémoire… et regardez les noms des auteurs…
Bonne écoute.
Yves Montand, Live in Paris 1962 + Bonus ’58,
1 CD
Editeur : Frémeaux & Associés
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